Mon expérience de la multipotentialité : être tout et ne se définir par rien
J’ai envie de vous parler d’un concept que j’ai découvert il y a quelques années et qui a radicalement changé ma vie et ma perception de moi-même : la multipotentialité. Cette révélation m’est tombée dessus dans un aéroport, en route vers un congrès, par le biais du libre How to be everything: a guide for those of us who (still) don’t know what they wanna be when they grow up de l’autrice d’origine montréalaise Emily Wapnick. Je n’avais pas fait le lien à ce moment, mais je la connaissais déjà pour sa populaire conférence Ted “Why some of us don’t have one true calling” . En tournant les pages, je réalisais avec un mélange de stupeur, de soulagement et d’excitation que je n’étais pas “girouette”, j’étais simplement dotée d’une personnalité multipotentielle!
Qu’est-ce que ça veut dire? Dans mon cas, cela signifie que non seulement je suis capable de faire toutes sortes de choses, mais surtout que j’ai un besoin viscéral d’explorer et d’exploiter mes multiples intérêts et compétences. C’est ma curiosité, ma passion pour l’humain et ma soif d’apprendre qui me portent. Je ne suis spécialiste d’à peu près rien, mais j’en connais un peu sur beaucoup de choses. Et je sais faire des liens entre elles.
À ma nature cyclique de femme se superposent donc des cycles de quelques années au bout desquels je sens que je stagne. Dans ces moments, un virage à 180 degrés s’impose. C’est ainsi que je suis passée par le théâtre, le développement international, le droit, les assurances, le milieu communautaire, le yoga, l’administration et bientôt, le monde du vêtement. Ai-je mentionné que je viens tout juste d’avoir 30 ans?
En à peine plus d’une décennie, j’ai déménagé une douzaine de fois, étudié dans deux programmes collégiaux et dans quatre programmes universitaires, en plus de suivre quatre formations de yoga. Dans le même temps, j’ai changé trois fois de carrière (et je ne parle pas ici d’emploi, mais bien de domaine, sans quoi le nombre serait probablement plus près de 15, mais j’aime mieux ne pas trop y penser!). J’ai longtemps eu honte de me “chercher” autant. Je vivais chaque changement professionnel, relationnel ou personnel comme un “échec”. Après tout, j’avais fait un baccalauréat en droit; comment osais-je “gaspiller” mon travail et mon talent en ne m’inscrivant pas à l’École du Barreau?
Pourquoi autant de mots entre guillemets? Parce que ces mots, ce sont ceux que la petite voix dans ma tête utilise. Mais pas moi. Ou du moins, plus maintenant. Je ne suis pas une girouette: je suis multipotentialiste. Je ne me cherche pas: je me découvre sans cesse. Les changements par lesquels je passe ne sont pas des échecs: ce sont de nouvelles aventures! Et surtout, mes efforts et mes apprentissages ne sont pas gaspillés, car comme le disait Lavoisier “Rien ne se perd, rien ne se crée; tout se transforme” (salutations à Mme Dugré, chimie secondaire 4). Ah, tiens! J’ai trouvé ce dont je suis spécialiste : de la transformation.
Me découvrir et m’assumer en tant que personne multipotentielle n’aura pas été un parcours sans embûches, mais ça aura assurément changé ma vie pour le mieux. Je sais maintenant que cet aspect de moi est un trésor inestimable. Je ne m’en cache plus. Adieu les étiquettes de juriste, de professeure de yoga, d’adjointe administrative et tout le tralala. Je préfère désormais porter fièrement mon badge de multipotentialiste. Je me donne le droit – que dis-je, le devoir! – d’honorer et d’accueillir tous mes cycles avec douceur et avec joie. C’est ce qui me permet de manifester et de créer la vie dont je rêve.
Je ne peux terminer cet article sans exprimer ma gratitude envers Sandra et Catherine de m’avoir fait une place au sein de l’équipe Gypsie Bohème durant mon plus récent moment de transition. Je n’aurais pas pu imaginer une communauté plus douce, magique et bienveillante pour incuber le prochain chapitre de cette magnifique et imprévisible aventure qu’est ma vie.
Sur ce les bohèmes, je vous dis : soyez fières de votre unicité et laissez-la briller. Le monde en a bien besoin!
Audrey-Anne